La moderne théorie des jeux est fille d'une rencontre : celle d'un calcul de l'action humaine, dont Leibniz, Condorcet… sont les pères, et d'une économie utilitariste, enracinée dans la psychologie. Qu'il s'agisse de mathématiser les « affaires civiles » ou de tracer la courbe de l'équilibre économique optimal, le souci est le même, de Leibniz à von Neumann et Morgenstern : « calculer la politique ».
« La théorie des jeux » est l'un des produits les plus achevés de l'idéologie néopositive, philosophie de la bourgeoisie parvenue au stade de l'impérialisme.
Ses fondements épistémologiques, sa conception instrumentale des mathématiques - parfois les véritables erreurs de sa mathématisation - en indiquent la nature : une « révolution newtonienne » dans les « sciences » humaines et sociales ? Non : une idéologie théorique, où se fondent le recours à l'empirisme et l'usage d'un formalisme sophistiqué.
Les admirateurs, les utilisateurs, les épigones ne manquent pas ; ils affirment : « Ça marche ! » Dans quoi « marchent-ils » donc ? Dans la fiction, sans le savoir. La topique lacanienne (le séminaire sur « La lettre volée ») permet de qualifier ce recours incessant de la bourgeoisie au calcul de la politique : c'est une politique imaginaire — pour évacuer la lutte des classes.
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