Dans l'Espagne médiévale d'avant la Reconquista, pendant près de huit siècles, l'organisation de la Cité fut inspirée - au premier chef - par l'Islam, religion qui fixe très précisément les règles de conduite de l'homme dans sa communauté. On ne sera donc pas étonné de voir théologiens et juristes associés dans cet ouvrage. La loi islamique trouve son fondement dans la révélation divine et, par l'intermédiaire du Coran, le plan divin s'incarne dans la vie quotidienne. Cependant, par sa situation géopolitique très particulière, l'Islam d'Espagne permit, notamment au XIe siècle, une société tolérante et multiculturelle, qui laissait une grande autonomie aux Chrétiens et aux Juifs, et où débats et polémiques voyaient s'affronter autant les fidèles de religions différentes, que les Musulmans eux-mêmes. Parmi ces derniers, les figures d'Ibn H'azm et de Bâjî émergent largement, comme les polémistes les plus vigoureux de leur époque. Dans son livre, « Théologiens et juristes de l'Espagne musulmane », Abdel Magid Turki met l'accent sur Ibn H'azm, dont l'œuvre est particulièrement originale et féconde : ce grand penseur développe - sur les droits de la femme - des idées toujours d'actualité, certainement très en avance sur son siècle et il témoigne - par sa théorie du califat - de son engagement politique en tant qu'intellectuel. Parmi d'autres questions de sociologie religieuse, l'auteur s'attache aussi à préciser la physionomie du mâlikisme d'Espagne, et il met en valeur l'apport d'Averroès, dont les théories juridiques ouvrent de nouvelles et intéressantes perspectives pour la réforme, et la mise à jour du droit islamique contemporain.