Numéro 36, automne 2020, témoigner
Cette introduction porte sur la valeur heuristique des études intermédiales pour comprendre l’action de témoigner[1]. Dans un premier temps, nous présenterons ce qui est communément entendu par témoigner, témoignage, média et intermédialité. Dans un second temps, nous reprendrons chacun de ces termes afin d’en donner une acception plus complexe. Nous soulignerons alors l’importance de notions telles que valeur testimoniale, transmission et agentivité. Pour débuter, nous proposons donc une définition qui sera révisée par la suite. Témoigner est régulièrement considéré comme étant un quasi-synonyme de récit oral ou écrit formulé par un individu qui rend compte d’un événement qu’il a vécu (souvent un événement traumatique[2]). Le sociologue Renaud Dulong a formulé une telle acception dans Le témoin oculaire (1998). Il précise que le témoignage est « un récit autobiographiquement certifié d’un événement passé, que ce récit soit effectué dans des circonstances informelles ou formelles[3] ». Le témoignage renvoie ici à l’attestation, soit au fait de « donner des preuves tangibles de la réalité, de la vérité ou de la véracité d’une chose[4] ». Le terme s’inscrit ainsi principalement à l’articulation entre les domaines historique et juridique[5]. Dans La mémoire, l’histoire, l’oubli, Ricoeur reprend le point de vue développé par Dulong en ajoutant notamment que la spécificité du témoignage repose sur l’autodésignation du témoin qui se traduit par « un déictique triple […] : la première personne du singulier, le temps passé du verbe et la mention du là-bas par rapport à l’ici[6] ». Le philosophe insiste également sur le fait que la fiabilité du témoignage repose sur sa stabilité et son caractère réitérable[7]. Vingt ans plus tard, cette perspective fait toujours autorité[8].

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