Deux chemins se croisent : celui d'un vieil homme, Oraziu, et de son petit-fils, Roccu. Oraziu a quitté la Corse il y a longtemps, au début du siècle, pour suivre son chemin d'orgueil. Ce fils de paysan voulait réussir : il est devenu professeur. Il a oublié son île. Il a gommé les siens. Mais, eux, ne l'ont pas oublié. Ils le rattrapent au crépuscule de son existence, afin de tenter de recoller la mémoire éclatée d'un pays, qui se meurt depuis tant d'années. Roccu, lui, ne se résigne pas. D'individuel, son orgueil est devenu collectif. Il a pris les armes pour lutter contre ceux qu'il rend responsables de l'agonie de son île : fonctionnaires et policiers de « l'État colonial », Corses des clans, et peut-être un peu ce grand-père qui, autrefois, a « déserté ». Clandestin, il sera l'un des fondateurs du FLNC, et deviendra même une des figures emblématiques de cette génération, que la presse des années soixante-dix appelait « terroriste ». Ce roman de la Corse fourmille de révélations sur cet étrange mouvement qui a toujours refusé les attentats aveugles. Sous les masques multiples, dont les auteurs ont protégé leurs personnages, vivent des hommes et des femmes qui nous ressemblent, avec leurs amours, leurs chagrins, leurs engagements.