Tête d'affiche et tête de Turc, tel est le sort paradoxal fait à Cocteau tant que l'aigle allemande étend son ombre sur la France. Les critiques ont beau l'injurier et déchaîner contre lui des 'boy-scouts criminels', ses pièces, ses mises en scène, ses scénarios triomphent : Renaud et Armide, L'Éternel Retour, Antigone à l'Opéra.
Après la Libération, et même si ce défenseur de Max Jacob, ce compagnon d'Éluard n'a pas à être 'épuré', il entre dans une période de persécution silencieuse. Il mettra de longues années à sortir de cette semi-disgrâce. Cause unique : un article consacré en 1942 à l'artiste favori de Hitler, le "Salut à Breker" lancé par bravade, comme un acte gratuit, au nom de la liberté et de la fraternité des artistes, à l'abri de l'histoire et de tout mot d'ordre. Il ne 'comprend rien à la politique' et le démontre de façon consternante en notant, avec une crédulité voisine de l'inconscience, les propos du sculpteur allemand.
Cocteau voit passer des aventuriers, des opportunistes, des "zazous", des académiciens ; il s'attarde sur Picasso, Valéry, Colette, et sur Genet découvert en 1943. Les événements de la vie culturelle ou mondaine provoquent sa verve, alimentent un esprit parfois malveillant, fournissant à sa chronique des épisodes cocasses. Toutefois des pages graves et intimes, sur l'expérience du délaissement, sur la mort de sa mère, ruinent la fable de l'écrivain frivole et nous ramènent à ce qu'il va bientôt appeler "difficulté d'être".
Book details
-
Publisher
-
Original text
Yes -
Language
French -
Original language
French -
Publication date
-
Page count
752 -
General editor
-
Theme
-
Collection
About the author
Jean Cocteau
Né à Maisons-Laffitte le 5 juillet 1889, écrivain, poète mais aussi metteur en scène et artiste, Jean Cocteau participe à tous les mouvements de son époque, des ballets russes au cubisme et au surréalisme. Il découvre et promeut le talent de Radiguet. Il entre à l'Académie française en 1955. Jean Cocteau est mort le 11 octobre 1963 à Milly-la-Forêt.