
"Je vois à l'heure où j'écris ces lignes, le visage rouge sanglant du peintre venir à moi, dans une muraille de tournesols éventrés, dans un formidable embrasement d'escarbilles d'hyacinthe opaque et d'herbages de lapis-lazuli.
Tout cela, au milieu d'un bombardement comme météorique d'atomes qui se feraient voir grain à grain, preuve que Van Gogh a pensé ses toiles comme un peintre, certes, et uniquement comme un peintre, mais qui serait, par le fait même, un formidable musicien."
Dans Van Gogh le suicidé de la société, publié en 1947, quelques mois avant sa mort, Antonin Artaud rend au peintre un éblouissant hommage. Non, Van Gogh n’était pas fou, martèle-t-il, ou alors il l’était au sens de cette authentique aliénation dont la société et les psychiatres ne veulent rien savoir.
Book details
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Original text
Yes -
Language
French -
Original language
French -
Publication date
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Page count
108 -
Preface author
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Theme
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Collection
About the author
Antonin Artaud
Né à Marseille le 4 septembre 1896, Antonin Artaud est poète, dramaturge, acteur, metteur en scène mais aussi dessinateur. Le refus par Jacques Rivière de ses premiers poèmes donne lieu à une correspondance, publiée dans La NRF dès 1924. Suit notamment L'Ombilic des limbes , dans lequel il proclame : «Je ne prétends pas autre chose que montrer mon esprit.» Antonin Artaud collabore au mouvement surréaliste. Interné pendant près de dix ans, il est rendu à la liberté en 1946 à la suite de démarches effectuées par ses amis. Il continue d'écrire jusqu'à sa mort à Ivry en 1948.