Les adversaires de l'existentialisme prétendent qu'une philosophie de la liberté est a priori incapable de proposer une morale. Du moment que nous sommes libres, disent-ils, il nous serait interdit de rien vouloir. Simone de Beauvoir s'est proposé de donner quelques indications théoriques sur les possibilités d'une morale existentialiste. Pour y parvenir, il faut d'abord regarder en face cette vérité, que la condition de l'homme est ambiguë. La plupart des morales s'efforcent de la dissimuler, mais, en toute occasion concrète, Ia vérité se fait jour : celle de la vie et de la mort, de la subjectivité de chaque homme et de sa liaison au monde, de sa finitude et de sa transcendance, du présent et de l'avenir. Mieux vaut donc l'assumer. Certes, il n'est pas question de fournir à l'homme libre des recettes qui le délivreraient de l'angoissante nécessité de choisir ; on peut seulement lui proposer des méthodes.
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Original text
Yes -
Language
French -
Original language
French -
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Page count
228 -
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Simone de Beauvoir
Simone de Beauvoir est née à Paris le 9 janvier 1908. Elle fit ses études jusqu'au baccalauréat dans le très catholique cours Désir. Agrégée de philosophie en 1929, elle enseigna à Marseille, à Rouen et à Paris jusqu'en 1943. C'est L'Invitée (1943) qu'on doit considérer comme son véritable début littéraire. Viennent ensuite Le sang des autres (1945), Tous les hommes sont mortels (1946), Les Mandarins (prix Goncourt 1954), Les Belles Images (1966) et La Femme rompue (1968). Simone de Beauvoir a écrit des mémoires où elle nous donne elle-même à connaître sa vie, son œuvre. L'ampleur de l'entreprise autobiographique trouve sa justification, son sens, dans une contradiction essentielle à l'écrivain : choisir lui fut toujours impossible entre le bonheur de vivre et la nécessité d'écrire ; d'une part la splendeur contingente, de l'autre la rigueur salvatrice. Faire de sa propre existence l'objet de son écriture, c'était en partie sortir de ce dilemme. Outre le célèbre Deuxième sexe (1949) devenu l'ouvrage de référence du mouvement féministe mondial, l'œuvre théorique de Simone de Beauvoir comprend de nombreux essais philosophiques ou polémiques. Après la mort de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir a publié La Cérémonie des adieux (1981) et les Lettres au Castor (1983) qui rassemblent une partie de l'abondante correspondance qu'elle reçut de lui. Jusqu'au jour de sa mort, le 14 avril 1986, elle a collaboré activement à la revue fondée par Sartre et elle-même, Les Temps Modernes , et manifesté sous des formes diverses et innombrables sa solidarité avec le féminisme.