"Avec ces Nouvelles, écrites au cours des dix années qui ont précédé la guerre, la tentation de l’Orient est clairement avouée dans le décor, dans le style, dans l’esprit des textes. De la Chine à la Grèce, des Balkans au Japon, ces contes accompagnent le voyageur comme autant de clés pour une seule musique, venue d’ailleurs. Les surprenants sortilèges du peintre Wang-Fô, qui "aimait l’image des choses et non les choses elles-mêmes", font écho à l’amertume du vieux Cornélius Berg, "touchant les objets qu’il ne peignait plus".
Marko Kraliévitch, le Serbe sans peur qui sait tromper les Turcs et la mort aussi bien que les femmes, est frère du prince Genghi, sorti d’un roman japonais du XIe siècle, par l’égoïsme du séducteur aveugle à la passion vraie. L’amour sublime de Vania l’Albanaise ou le deuil sacrilège de la veuve Aphrodissia répondent au sacrifice de la déesse Kâli, "nénuphar de la perfection", à qui ses malheurs apprendront enfin "l’inanité du désir".
Légendes saisies en vol, fables ou apologues, ces Nouvelles orientales forment un édifice à part dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar, précieux comme une chapelle dans un vaste palais. Le réel s’y fait changeant, le rêve et le mythe y parlent un langage à chaque fois nouveau, et si le désir, la passion y brûlent souvent d’une ardeur brutale, presque inattendue, c’est peut-être qu’ils trouvent dans l’admirable économie de ces brefs récits le contraste idéal et nécessaire à leur soudain flamboiement."
Matthieu Galey
Book details
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Publisher
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Original text
Yes -
Language
French -
Original language
French -
Publication date
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Page count
168 -
Theme
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Collection
About the author
Marguerite Yourcenar
Née à Bruxelles le 8 juin 1903, Marguerite de Crayencour voyage en Suisse et en Italie avant de se fixer aux États-Unis en 1958. Grand Prix national des Lettres en 1974, elle fut la première femme élue à l'Académie française en 1980. Elle est décédée le 17 décembre 1987 dans l'île des Monts-Déserts.