Toute sa vie, celui qui naquit Frédéric Sauser, en Suisse, en 1887, brûlera une énergie inépuisable, pour créer l’une des grandes œuvres de la littérature du XXe siècle.
Enfant difficile, Freddy Sauser suit ses parents à Naples avant de rentrer en Suisse, où l’école buissonnière et sa passion pour la lecture font de lui un fort mauvais élève. À seize ans, il quitte sa famille et part pour la Russie. À Saint-Pétersbourg en 1905, il est secrétaire d’un joaillier et se mêle aux milieux révolutionnaires. C’est là que le futur poète commence à écrire. Ce sont des années de formation, marquées par son premier amour, Hélène, qui périra par le feu.
À Berne, en 1908, il reprend des études et rencontre Féla Poznanska, l’étudiante polonaise qui deviendra sa femme et la mère de ses trois enfants. Dans la misère, sous les toits, à Paris, à Bruxelles, à New York, il travaille à la recherche de son écriture, vivifiée en profondeur par le monde moderne. Il écrit Pâques à New York et invente son nom nouveau : Blaise Cendrars. À Paris en 1912, il rencontre les artistes dont la quête s’apparente à la sienne, poètes comme Apollinaire puis Reverdy ou Soupault, peintres comme Chagall, Léger ou Robert et Sonia Delaunay. Coup de tonnerre dans le ciel de la poésie, il écrit et publie, avec les couleurs de cette dernière, dans une forme nouvelle et inégalée depuis, le « premier livre simultané » : La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France (1913).
Éclate la Première Guerre mondiale : engagé volontaire, Cendrars perd sa main droite.
Dans l’effervescence du Paris de l’après-guerre, Cendrars est écrivain et poète, critique d’art, éditeur audacieux, assistant metteur en scène avec Abel Gance, réalisateur à Rome, ou encore librettiste de ballets. En 1924, il part pour le Brésil, qui deviendra une de ses sources d’inspiration. Le poète se fait prosateur et de 1925 à 1930 publie ses grands romans : L’Or, Moravagine, Le Plan de l’Aiguille, Dan Yack. Il fait ensuite l’expérience du grand reportage, puis publie trois livres de nouvelles.
En juin 1940, désespéré par l’occupation allemande, il s’exile à Aix-en-Provence. Après trois années de silence et de vie contemplative, il reprend la plume, écrit L’Homme foudroyé, La Main coupée, Bourlinguer, Le Lotissement du ciel, qui constituent ses Mémoires. Terrassé par une attaque d’hémiplégie en 1958, le poète à la main coupée tente encore d’écrire avec sa « main amie » paralysée. Il meurt le 21 janvier 1961.